Réponses Scénario Clinique N°7

Homme 40 ans, tabagique (15 PA), alcoolique chronique, antécédent familial maternel d'HTA. Obèse (IMC 34), poids 95 kg, TA au cabinet ≈ 140/105 mmHg. Fréquence cardiaque moyenne élevée 98 bpm.

1. Analyse des Données de la MAPA

Question 1 : Le pourcentage d'erreurs indiqué par A est de

Le pourcentage d'erreurs (ou non-validité des mesures) est la proportion de mesures qui n'ont pas pu être effectuées sur le total prévu.

  • Mesures totales prévues (100%): 67
  • Mesures valides (incluses): 67
  • Pourcentage de mesures valides: 79%
  • Pourcentage d'erreurs (A): 100% - 79% = 21%
Réponse : b. 21%
Question 2 : La moyenne tensionnelle diurne chez ce patient indiqué par B est de

Les moyennes tensionnelles diurnes sont les valeurs moyennes enregistrées lorsque le patient est éveillé. Ces données se trouvent dans le tableau "Éveillé (53 Inclus, 77%)".

  • Moyenne Systolique Diurne (PASm): 122,1 mmHg
  • Moyenne Diastolique Diurne (PADm): 83,7 mmHg
Réponse : c. 122. 1/83.7 mmHg
Question 3 : La moyenne tensionnelle nocturne chez ce patient indiqué par C est de

Les moyennes tensionnelles nocturnes sont les valeurs moyennes enregistrées lorsque le patient est endormi. Ces données se trouvent dans le tableau "Endormi (14 Inclus, 88%)".

  • Moyenne Systolique Nocturne (PASm): 118,3 mmHg
  • Moyenne Diastolique Nocturne (PADm): 80,6 mmHg
Réponse : b. 118.3/80. 6 mmHg
Question 4 : D'après l'analyse des résultats de la MAPA la pression artérielle systolique chez ce patient est
a. Analyse des moyennes de PAS
Période PAS Moyenne Mesurée Seuil de Normalité Conclusion (Moyenne)
Diurne 122,1 mmHg 135 mmHg Normale (122,1 < 135)
Nocturne 118,3 mmHg 120 mmHg Normale (118,3 < 120)
b. Analyse de la Charge Tensionnelle PAS
Période Charge PA Mesurée Seuil de Normalité Conclusion (Charge)
Diurne 17% 30% Normale (17 < 30)
Nocturne 43% 30% Élevée (43 > 30)
Même si la moyenne systolique nocturne est inférieure au seuil de 120 mmHg, une charge tensionnelle nocturne élevée (43%) indique qu'un pourcentage important des mesures de PAS pendant le sommeil est au-dessus du seuil. Dans l'interprétation d'une MAPA, une charge tensionnelle élevée est un critère d'Hypertension Artérielle (HTA).
Réponse : c. PAS nocturne élevée
Question 5 : D'après l'analyse des résultats de la MAPA la pression artérielle diastolique chez ce patient est
a. Analyse des moyennes de PAD
Période PAD Moyenne Mesurée Seuil de Normalité Conclusion (Moyenne)
Diurne 83,7 mmHg 85 mmHg Normal (83,7 < 85)
Nocturne 80,6 mmHg 70 mmHg Élevée (80,6 > 70)
b. Analyse de la Charge Tensionnelle PAD
Période Charge PA Mesurée Seuil de Normalité Conclusion (Charge)
Diurne 41% 30% Élevée (41 > 30)
Nocturne 93% 30% Très Élevée (93 > 30)
Réponse : b. PAD nocturne élevée
Question 6 : D'après l'analyse des résultats de la MAPA la courbe de fréquence cardiaque chez ce patient est
  • Moyenne diurne (éveillé) : 95,2 bpm (Tableau "Éveillé") - élevée
  • Moyenne nocturne (endormi) : 100,8 bpm (Tableau "Endormi") - au-dessus de 100 bpm

Normalement, la FC diminue la nuit. Une FC plus élevée la nuit (100,8 bpm > 95,2 bpm) est une anomalie (tachycardie nocturne).

Réponse : c. Fréquence cardiaque moyenne élevée surtout nocturne
Question 7 : D'après l'analyse des résultats de la MAPA le profil dipper chez ce patient est

Le profil Dipper est la Fluctuation nocturne de la Pression Artérielle Systolique (PAS). Il correspond à la baisse nocturne de la PAS :

  • Valeur calculée/enregistrée : 3%
  • Norme : 10% - 20%
Réponse : b. Profil non dipper
Question 8 : D'après l'analyse des résultats de la MAPA le profil tensionnel chez ce patient montre une

La Pression Artérielle Diastolique (PAD) est élevée en nocturne, tandis que la Pression Artérielle Systolique (PAS) est élevée en nocturne. Il s'agit donc d'une Hypertension Artérielle Diastolique isolée présente en nocturne.

Réponse : a. HTA diastolique isolée nocturne
Résumé clinique et données clés

Homme 40 ans, tabagique (15 PA), alcoolique chronique, antécédent familial maternel d’HTA. Obèse (IMC 34), poids 95 kg, TA au cabinet ≈ 140/105 mmHg (droite) — 138/102 mmHg (gauche).

Fréquence cardiaque moyenne élevée 98 bpm.

Bilan biologique sans anomalie majeure ;

SCORE2 estimé faible (< 2 % à 10 ans).
Résultats de MAPA

MAPA 24h (enregistrement valide) :

  • Moyenne 24h : 121,3/83,1 mmHg
  • Moyenne diurne (B) : 122/83,7 mmHg
  • Moyenne nocturne (C) : 118,3/80,6 mmHg

Profil : PAD élevée nocturne (HTA diastolique isolée nocturne), non-dipper, fréquence cardiaque moyenne élevée surtout nocturne.

Conclusion donnée : HTA diastolique isolée, nocturne avec symptômes de céphalées en fin de journée.

Remarque : La discordance entre SCORE2 faible et HTA diastolique marquée illustre l'importance d'évaluer les facteurs de risque modifiables — tabac, alcool, obésité — et la présence d'un profil non-dipper et d'une tachycardie nocturne, tous facteurs de risque indépendants.
Citations-clés : ESC 2024 rappelle l'importance de la MAPA pour le diagnostic et la caractérisation des profils (diurne/nocturne, dipping), et l'ESH 2023 détaille la place de l'ABPM/HBPM dans le diagnostic. (1,16)

2. Interprétation physiopathologique

  • HTA diastolique isolée chez l'adulte jeune s'explique principalement par une augmentation des résistances vasculaires périphériques (vasoconstriction artériolaire) plutôt qu'une rigidité aortique. Ce profil est compatible avec l'obésité, l'abus d'alcool et le tabagisme du patient. (23)
  • Non-dipper / hypertension nocturne : absence de baisse nocturne (>10–20% attendus) s'associe à un surrisque d'atteinte d'organe cible et d'événements CV ; l'élévation nocturne de la FC évoque une hyperactivité sympathique nocturne ou une cause déclenchante (apnée obstructive du sommeil). (18)

3. Signification pronostique

  • L'HTA diastolique isolée n'est pas bénigne : des études associent l'HTA diastolique isolée à un risque accru d'événements CV, surtout chez les sujets plus jeunes si non contrôlée. (23)
  • Le profil non-dipper et l'hypertension nocturne ont une association indépendante avec une morbi-mortalité CV et rénale plus élevée ; ils justifient une évaluation et une prise en charge soigneuse. (24)

4. Indications d'investigations complémentaires

  1. Dépistage d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) : polysomnographie ou sommeil-apnée questionnaire (STOP-Bang) → SAOS est très associé au profil non-dipper et à l'hypertension nocturne, surtout chez obèses. (25,26)
  2. Recommandation de surveillance ambulatoire : automesures sur 7 jours et répéter MAPA après 3 mois de prise en charge initiale (ou plus tôt si changement thérapeutique), pour évaluer la réponse et la reproductibilité. (1)

5. Argumentaire décisionnel thérapeutique

5.1 Faut-il initier un traitement antihypertenseur ?

Les recommandations ESC 2024 insistent sur l'initiation d'un traitement pharmacologique si la PA ambulatoire ou au cabinet dépasse les seuils diagnostiques et/ou atteinte d'organe cible. Dans ce cas : HTA diastolique confirmé à la MAPA sur 24h/nocturne et facteurs (obésité, tabac, alcool, antécédent familial) → argument pour traitement médicamenteux. (1)

5.2 Quel médicament de première intention ?
  • Les guidelines placent IEC/ARA2, IC dihydropyridine et thiazidiques comme classes de première ligne recommandées pour la plupart des patients.
  • Argument pour carvedilol dans ce cas : fréquence cardiaque moyenne élevée (>80 bpm) surtout nocturne et symptômes ; carvedilol non sélectif peut réduire la FC, atténuer les pics pressionnels liés à l'activité sympathique et assurer une vasodilatation (effet anti-alpha). (27)
5.3 Stratégie recommandée chez notre patient
  1. Démarrer traitement médicamenteux (préférablement un inhibiteur calcique bradycardisant) ou carvedilol (diminue la FC, le risque cardiovasculaire, vasodilatateur).
  2. Mesures hygiéno-diététiques intensives simultanées : arrêt tabac, réduction alcool, perte de poids (objectif 5–10%), réduction sel, apport potassique, activité physique.
  3. Traiter comorbidités : prise en charge alcoolisme, programme de perte de poids, et si SAOS confirmée → CPAP (améliore TA nocturne et profil dipper). (26)

6. Suivi et critères d'évaluation de l'efficacité

  • Automesures (HBPM) régulières
  • Contrôle à 1 mois pour évaluer réponse, effets indésirables, ajuster posologie/association.
  • Répéter MAPA après 3 mois de traitement pour évaluer normalisation diurne/nocturne. (1)
  • NB : si PAD élevée → s'assurer par un tensiomètre manuel

7. Risques, limites et points d’attention

  • Risque de sous-estimation du risque global par SCORE2 chez patients jeunes présentant facteurs (tabac, alcool, obésité) et profil non-dipper. L’évaluation clinique doit rester holistique. (1)
  • Β-bloquants : utile dans certaines indications. (1)

Synthèse pratique

M. H. N présente une HTA diastolique isolée nocturne, profil non-dipper et tachycardie nocturne, avec facteurs modifiables (tabac, alcool, obésité).

Étant donné l'HTA diastolique, une prise en charge médicamenteuse initiale est justifiée (inhibiteur calcique bradycardisant ou β-bloquants type carvedilol). L'activité physique est d'un grand apport dans la diminution des résistances vasculaires et de la PAD.

Des investigations complémentaires comme dépistage SAOS et exploration du SNA sont nécessaires, ainsi qu'un plan intensif de modifications du mode de vie ; la réponse devra être suivie par HBPM et une MAPA de contrôle après adaptation thérapeutique. (1,23)

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